djoss Posté(e) le 24 juin 2003 Signaler Partager Posté(e) le 24 juin 2003 Bonjour aux québecois, Je voulais avoir votre avis de passionnés et spécialistes sur une situation que je trouve très préoccupante. La ville de Genève (en Suisse) où jhabite, comme une grande partie de lEurope du Sud dailleurs, nest pas sortie de la canicule depuis début juin ce qui est sans précédent chez nous :il fait entre 26 et 36 degrés depuis début juin avec plusieurs pointes à plus de 35C°. Daprès les statistiques on aurait de 6 à 7 degrés de température excédentaire par rapport à la moyenne dun début juin normal, ce qui est énorme ! ! ! Toutefois, si les médias y vont chacun de leur scoop à propos de ce coup de chaleur exceptionnel, ils passent délibérément sous silence les 5 premiers mois de lannée 2003. Or que constate-t-on ce printemps 2003 ? On constate que malgré un début assez froid, on relevait déjà vers les 12 degrés à la fin février, ce qui est largement trop pour la saison censée être la plus froide de lannée. On constate que, début mars, on a frôlé 20C° lors dune période prolongée de grande douceur. Rebelotte fin mars où cette fois on atteint bien les 20 C° dans les 10 derniers jours. Malgré un retour des giboulées (retour éphémère dailleurs) en début de mois, la 2ème quinzaine davril se déroule dans une atmosphère presque chaude (on atteint les 25 C°). Première semaine de mai : des canicules hallucinantes déferlent sur lEurope Centrale et touchent notamment Genève. Ca se calme dans les jours qui suivent mais, dès fin mai, on approche de nouveau les 30 C°, pour les dépasser allègrement aux premiers jours de juin . La suite ce quon connaît aujourdhui. Et si on essaie de se remémorer lautomne 2002, que remarque-t-on ? ? ? On remarque que le mois de décembre a été si doux (plusieurs journées à 15 C° voir 17 C°) que certains arbres mettaient leurs premiers bourgeons aux alentours de Noël. Inutile de dire quil a fallu attendre la première semaine de janvier pour voir les premiers flocons blanchir les stations de ski alpines et les sommets du Jura, réputé pourtant pour sa rigueur climatique ! ! Le mois de novembre également sétait montré nettement plus clément que la normale. Que peut-on en déduire ? ? ? En additionnant la différence entre la valeur thermique normale pour la période et les températures moyennes effectives de ces derniers mois (décembre 2002 compris), jarrive (mais le calcul est on ne peut plus approximatif) à une température moyenne de 3,4 à 3,7 C° supérieure à la normale, ce qui constitue une différence substantielle. (Bien sûr je vous parle de la Suisse sans savoir comment s'est comporté le ciel chez vous au Québec. Peut-être connaissez-vous aussi des douceurs anormales en hiver et des canicules en été ou peut-être que tout est normal chez vous, ce qui serait tant mieux. Je serais en tous cas content d'avoir des nouvelles de l'évolution climatique chez vous). Maintenant, lorsque jécoute le discours feutré de la majorité des scientifiques sur lévolution du climat, japprends que la température moyenne de notre belle Planète devrait se réchauffer de 2,5 C° dans le courant du XXIè siècle ! ! ! Alors là, la comparaison avec le calcul précédent me donne des frissons. Car daprès ce calcul, on aurait, tout du moins à Genève, déjà largement dépassé les 2,5C° daugmentation de la température à laube même du XXIè siècle. Evidemment, on arguera que la situation de ce printemps constitue un épiphénomène excentrique et exceptionnel et que, après tout, les moscovites ont connu un hiver très froid et les new-yorkais un printemps bien frais. A quoi je répliquerais que les exceptions semblent devenir la norme depuis quelques années et que lhiver de Moscou n fait somme toute que redevenir normal après plusieurs années dune inhabituelle clémence. Quoi quil en soit, une certitude simpose: le chamboulement climatique à léchelle globale est dû en grande partie à laugmentation de la concentration du CO2 dans latmosphère. Or les activités rejetant du CO2 (aviation de ligne, agriculture intensive et surtout trafic automobile), toutes les études le montrent, ne cessent de sintensifier. Et pas seulement en Chine (bouc-émissaire idéal pour certains) mais surtout en Occident. A Genève, chaque année le parc automobile ne cesse de saccroître. On pensait avoir atteint un plafond avec une voiture par ménage mais la norme de 2 véhicules par couple est en passe de supplanter cet idéal obsolète et ceux qui se partagent une seule voiture passent désormais pour des « défavorisés ». Avec ça, les transports en commun sont de plus en plus perçus comme ringards et le gouvernement envisage labandon de plusieurs lignes de bus et de train dans les zones rurales. Dernier constat mais pas des moindres : de nombreux spécialistes pensent que le CO2, une fois émis dans latmosphère, met plusieurs siècles avant de disparaître (en étant réabsorbé par la Terre). Fort de ce constat, on peut avancer sans trop se tromper que les vicissitudes climatiques de ce printemps 2003 sont en quelque sorte le résultat des quantités de CO2 accumulées dans lair depuis le début du XXème siècle, voire depuis la révolution industrielle. Maintenant, si on prend en compte le fait que les émissions de CO2 augmentent, comme vu plus haut, de manière quasi exponentielle (tant en Occident que dans les pays émergents) on peut imaginer que dans les prochaines décennies les situations météorologiques exceptionnelles seront très nettement plus extrêmes que celle que nous endurons actuellement depuis début juin, puisquà ce moment-là , la multiplication de la teneur en CO2 aidant, leffet de serre sera bien supérieur à celui en vigueur aujourdhui. Autrement dit, si la quantité actuelle de CO2 en suspens (somme toute faible par rapport au prévisions à venir) est capable de changer nos printemps en étés précoces avec 3,5 C° de plus que la moyenne, on peut légitimement se demander quengendrera , à la fin du XXIè siècle, une atmosphère « surdopée » en CO2 ? ? ? En tous les cas, il semble que les 2,5 C° de réchauffement moyen pronostiqué seront amplement dépassés pour lEurope (puisquils le sont déjà) et que la canicule qui fait actuellement de nos villes de véritables fournaises ne soit finalement quune douce mise en condition comparé à ce qui nous attendra dans les prochaines décennies. Pour conclure, noublions pas que lEurope, avec son climat jusquà peu tempéré, bénéficie fort heureusement dune certaine marge face aux bouleversements à venir quannonce la canicule de ces derniers jours. Même si le climat devait se réchauffer à long terme de 4 à 7 degrés, une partie importante du « Vieux Continent » demeurerait plus ou mois fertile (quoi que le Sahara nest quà quelques encablures du Sud de lItalie et de lEspagne, ce qui prête à réfléchir ! ! ). En Sibérie, au Canada et en Alaska le réchauffement pourrait même décupler la productivité des sols offrant à ces pays une plus-value très bénéfique (doù peut-être le sabotage des accords de Kyoto par un certain Etat qui se prétend providentiel). Il nen ira sans doute pas de même pour certains grands bassins de population des régions tropicales où une déjà faible productivité des sols repose sur un équilibre climatique ultra-précaire. La fertilité de ces régions dispose dune marge extrêmement réduite face aux aléas du temps. Pour linstant, les excentricités de la météo semble peu les concerner mais on a peine à croire par exemple quun réchauffement spectaculaire de lEurope (comme il semble peu à peu sesquisser) ne préserve lAfrique ou le Proche-Orient de graves répercussions qui pourraient à terme mettre en péril la vie de millions de personnes. Post-scriptum : Encore un mot pour déplorer la manière dont les médias présentent -ou ignorent- la multiplication des anomalies météorologiques sous nos latitudes. Le plus souvent il nest fait mention des phénomène météo que lorsque ceux-ci savèrent photogéniques ou spectaculaires et meurtriers. On parlera abondamment des inondations destructrices mais on passera sous silence le phénomène dun excédent thermique par rapport à la normale qui lui devient chronique. On esquive toute mise en parallèle entre le réchauffement de la Terre présenté comme une théorie dogmatique ou au mieux comme une fatalité et les aléas de la météo locale. Au demeurant, le réchauffement apparaît comme une sorte dargument politique quon brandit dans les débats idéologiques sur lavenir de notre société mais qui semble, à la lecture des journaux, totalement déconnecté de la réalité du temps quil fait au quotidien. Et face à une telle ignorance de la réalité, les instituts météorologiques assument une part non négligeable de responsabilité. Par un souci certes louable dobjectivité, ces derniers nosent se départir des simples données statistiques quils alignent dans les rubriques météo des différents médias. Enumérées côte à côte, ces chiffres ne font que noyer les phénomènes du temps dans un océan de données, illisibles au profane. Et comme ce dernier a, en général, pour peu quil ne soit pas agriculteur, une mémoire « météorologique » très courte , les transformations qui samorcent dans nos régions passent presque totalement inaperçus aux yeux de la majorité des citoyens. Pour les accès caniculaires de ces derniers jours (comme dailleurs pour les hivers trop doux) les sites météo se contentent dénumérer la fréquence de dépassement de tel seuil de température. On rappelle les précédents historiques de ce pic de chaleur (du genre : « il faut remonter à 1952 pour trouver de telles valeurs ») sans précision aucune par exemple sur la durée de la canicule de cette année-là, qui peut différer significativement de celle de 2003, et en escamotant également les données du mois de mars 1952, qui lui a peut-être été tout-à-fait normal contrairement à son homologue de 2003. Quand il ny en a pas de précédent, on donne comme date de référence lannée des premiers relevés statistiques (1850 environ) en omettant bien de préciser quau delà de cette date les relevés font carrément défaut et quelle ne revêt donc aucune valeur. Pas un mot sur les phénomènes à lorigine de ces situations records. Aucun commentaire non plus sur le lien de cause à effet entre un certain mode de vie, certaines décisions politiques, des activités industrielles envahissantes et les caprices de la météo.. Bref, tout est fait pour « normaliser » cet écart thermique en le faisant passer pour une situation purement conjoncturelle. Alors quen réalité, il sagit dun évolution structurelle qui nen est de surcroît quà ses balbutiements et dont on ignore absolument quand elle sarrêtera et refluera (quand bien même elle refluera un jour). Peut-être les météorologues ont-ils peur de passer pour des rabat-joie à force de ressasser le spectre dun changement climatique. Peut-être préfèrent-ils abreuver les citoyens de petites anecdotes croustillantes piquées par-ci par-là dans lactualité météo du monde, ce qui convient mieux à une certaine évolution générale de linformation médiatique. Pourtant, je pense quil incombe aux météorologues (mais pas seulement à eux) de sensibiliser lopinion public à des phénomènes qui la dépasse mais dont elle est partie prenante . Il revient au spécialiste météo de mettre en évidence les évolutions du temps sur le long terme et, par delà, damener la société à une prise de conscience des chamboulements climatiques. Lobjectif nétant pas deffrayer la population mais de laider à assumer son rôle dacteur au sein des différents écosystèmes terrestres et de linciter à sorganiser de manière active et positive afin de réagir au changement climatique et dapprendre à les maîtriser au mieux. merci de m'avoir luJonasJ'attends vos réponses avec impatiencecourriel: igloo2003@hotmail.com Citer Lien vers le commentaire Share on other sites More sharing options...
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