Petit rappel sur les conditions de déclenchement des orages

[Invité yves]

Bonjour à tous,

Très passionnant ces remarques sur ces orages, mais comme la saison arrive, ne serait- il pas possible que nos éminents spécialistes fassent un peu le tour de la question avec un rappel sur les conditions qui permettent de prévoir un éventuel déclenchement orageux (humidité et T° élevée en basse couche, goutte froide en altitude, front froid, cisaillement tout un programme). Je pense que lon est déjà plus armé que lan passé avec les cours de M. J.Louis, M.Lefevre, M.Violet et les autres sur les RS. Cest beau de progresser !

 

En vous remerciant davance, bonne journée et bon WE à tous

yves

[lefevre.65]

Vaste programme qu'il faudrait illustrer de radio-sondages, de T.P., d'études de situations etc...Quand on a le bon sondage au bon moment et au bon endroit, il est facile de prévoir les orages ; quand les modèles seront assez fins on pourra les localiser dans le temps et danl'espace .

Mais il restera longtemps encore une part de "feeling" à l'expérience, même s'il tend à se réduire.

Pour aborder le problème on peut partir des masses d'air convectives, de leur degré d'instabilité, de leur épaisseur( il faudrait atteindre -20° au moins au sommet), de leur humidité avec des pseudos décroissantes de bas en haut, bien sûr .

Les points de condensation doivent sortir à droite du sondage et bénéficier d'une poussée d'archimède positive du milieu ambiant, c'est à dire d'autant plus efficace que l'on monte sur une pseudo plus éloignée du R.S. Le sommet est atteint pratiquement à l'intersection avec le RS lorsque les tempés sont égales . Bien sûr, on peut discuter encore là de l'énergie acquise par intégration des vitesse verticales, mais elle est généralement vite amortie.

Si le RS ne correspond pas spontanément à ces conditions, en cas d'instabilité latente ou sélective, plusieurs paramètres peuvent l'y conduire:

 

1) à grande échelle : la convergence horizontale ; l'hiver l'entrée sur une mer chaude de masses d'air continentales mais potentiellement convectives, l'été de masses d'air maritimes sur un continent chaud, notamment l'après-midi et le soir ; le soulèvement au vent des massifs montagneux, notamment en flux de sud et l'après-midi où quatre paramètres s'ajoutent pour gâcher dangereusement nos plus belles courses. D'où les corps orageux qui se tassent la nuit et repartent de plus belle avec l'évolution diurne.

 

2) à petite échelle ou échelle locale : pour faire sortir nos points de condensation à droite du sondage on peut prévoir au moins trois ou quatre conditions aggravantes :

a) le réchauffement de la base par évolution diurne par exemple,

le refroidissement par le haut (front froid suplombant passant au-dessus d'une barrière montagneuse)

c) une injection d'humidité en basses couches mais sans faire tomber la tempé, pour faire monter la pseudo et décaler les ascendances vers la droite,

le rayonnement nocturne des couches moyennes peut relancer aussi l'instabilité,

l'évapotranspiration doit aussi jouer un rôle dans les cas limite où les mécanismes les plus évidents ne semblent pas suffisants pour expliquer l'orage imprévu .

Par contre quand tous ces paramètres sont réunis c'est l'explosion et nous nous retrouvons comme nos ancêtres les Gaulois cherchant quel bouclier ou quelle grotte nous protègera.

Mais j'ai assez bavardé : place au suivant , voyons si je devine qui va m'emboîter le pas ...Amitiés à tous C.L.

PS Quand je saurai utiliser tout ce système je vous ferai une fiche de temps en temps en temps réel .

[Laurent]

Merci Christian pour vos explications à la fois claires et précises

Vos cours sur les RS et les différentes masses d'air me sont bien utiles pour la compréhension de ses phénomènes météorologiques.

 

En ce moment sur Juilles ( environ 7km au sud-ouest de Gimont) un brouillard de rayonnement ( je pense) vient de se lever en l'espace d'1/4h .... c'est incroyable à quelle vitesse il a envahit les champs et coteaux.

 

Conditions actuelles à 7h50 loc :

 

Temp : 7,5°C

Humidité : 92%

Pression : 1021,1 hPa en stagnation

 

Bonne journée à toutes et à tous.

Quant à moi, je vais passer une bonne partie de mon temps à tondre car on ne peut pas dire que ces derniers jours étaient favorables aux activités de plein air.

 

Amitiés

 

Laurent ( Gers)

[girouette]

REVEL 10.5° 96% H

 

Ici, les èspèces de "fumerolles brouillardesques" (quand je vous dis que je vais me faire virer de ce forum pour grossièretés ou grave incompétence) et le ciel bleu apparaît... Quelqu'un peut me confirmer l'arrivée du vent d'autan?

Merci, a bientôt et bon jardinage.

[Jean-Louis]

Pour ne pas empiêter sur l'aspect technique par ailleurs trés bien abordé par Christian.

 

On peut en effet avoir affaire à des orages isolés ou en groupes et à de véritables murs d'orages, terreurs qui avancent dans le calme et qui matérialisent un fort contraste de masses d'air. Les orages peuvent se produirent en toutes saisons, dès que des différences thermiques s'affrontent et que l'humidité est suffisante.

Bien qu'il puisse tonner au coeur de l'hiver sous la neige, les orages d'été sont les plus spectaculaires mais aussi les plus dangereux.

L'accés aux imageries et cartes sur internet facilite maintenant le suivi du développement et du déplacement de tous ces orages.

Mais dans la nature, notamment en randonnées estivales, même de plaine, il est important de reconnaître quelques signes avant coureurs.

 

En été une atmosphère qui devient lourde et oppressante est un premier indice bien connu. Il s'agit souvent d'une forte humidité en basse couche alliée à la chaleur (indice humidex).

Toujours en été et le matin de bonne heure attention si l'on observe des altocumulus castellanus ou des "floccus" dispersés. S'ils se déplacent, la zone orageuse partira peut-être ailleurs. Gare s'ils font du surplace ou s'ils disparaissent (sans se déplacer) en fin de matinée; ils reviendront en force l'aprés midi sous forme de gros cunimbs.

Gare aussi si l'on observe en altitude des cirrocumulus ou des altocumulus un peu plus bas. De même méfions nous si, au coeur de l'été, les traînées persistent derrière les avions en s'élargissant et en modelant de petits

créneaux.

 

Attention aussi si la pression est comprise entre 1010 et 1020 hPa (marais barométrique possible) avec faibles variations.

Attention également si, par grosse chaleur, les points de rosés sont élevés en début d'aprés midi; au moins 18° à 20°.

 

En visuel, pour les cellules extrêmemnt développées, vous pourrez deviner leurs enclumes à des dizaines de km. Dès lors vous pourrez surveiller leur immobilisme ou la direction de leurs déplacements.

Durant la nuit la lumière 'flash' des éclairs se distingue à partir de 50 km sur l'horizon. Dès que la forme des éclairs est discernable les orages sont à environ 25km.

 

Attention également si le temps est brumeux, chaud avec une trés forte advection d'humidité, si le ciel est parsemé de cirrocumulus ou d'altocumulus. Dans cette grisaille" approximative" vous risquez d'observer des "nuages tours" majestueux et aux contours trés net en haute altitude.

Faudra vous attendre à des orages particulièrement violents en fin d'aprés midi et le soir.

 

Pour terminer, gare en été aux orages frontaux, véritables murs d'orages qui avancent lentement et majestueusement avec un grondement profond, lointain mais continu et des éclairs permanents dans et sur toute la masse nuageuse...

Beaucoup, beaucoup de choses encore à dire sur eux.

 

 

 

Excellent ouvrage tout public à vous conseiller dans ce domaine: "Traqueurs d'orage" d'Alex Hermant éditions NATAN.

Une référence en la matière. Pensez y pour la fête de pères ou des mères...